vendredi 19 octobre 2012

Soirée inaugurale


        L'inauguration de la Fête du livre de 2012 s'est déroulée ce jeudi 18 octobre à 18h30 dans le grand amphithéâtre de la Verrière. La salle était pleine et le public équipé de casques audios pour comprendre les auteurs étrangers.
           Annie Terrier a d’abord pris la parole pour présenter le thème de cette année “Bruits du monde”, qui se trouve dans la continuité du thème “la Maison et le monde”, après les deux éditions de 1992  : l’Inde de Satyajit Ray et celle de 2007 : l’Afrique de Wole Soyinka du Nigéria, prix nobel en 1986. Elle a ensuite rendu hommage au faiseur d’étincelles Antonio Tabucchi invité d’honneur en 2000 et à Michel Terrier.
           L’Institut de l’image, en mémoire de Raoul Ruiz projettera trois de ses films, lors de cette manifestation en rapport avec le thème.
           Cette Fête du livre est dédiée à Carlos Fuentes, présent lors de la Fête du livre de 2011 : “La plus limpide région”, disparu cette année. Un hommage lui sera rendu le vendredi 19 à 19h00 et le dimanche 21 à 17h30 dans l’amphithéâtre de la Verrière.
Puis, à la fin de son discours, elle remercia tous les auteurs présents, G.Depardon, C.Nougaret, et Gérard Meudal, tous ceux qui ont contribué à cette fête, les libraires, l’Institut de l’image, l’IUT Métiers du livre et ses élèves, l’équipe de la bibliothèque Méjanes, le service animation programmation culturelle, le service de presses, le service technique de la ville d’Aix-en bus, l’équipe des Écritures Croisées, l’équipe technique, le centre municipal de formation d’apprentis Sainte-Victoire, la Ville d’Aix-en-Provence, le Conseil régional PACA, le Conseil général des Bouches-du-Rhône, la Communauté du pays d’Aix, le Ministère de la Culture et de la communication et le Centre national du livre.
Annie Terrier conclut son discours sur ces mots : “Voici venu le temps de la raison ardente, et j’aimerais dire de la parole ardente.”


            L'ensemble des invités étaient donc réunis autour d'une grande table, certains accompagnés de leurs traducteurs respectifs. Gérard Meudal a orchestré le dialogue en leur posant à chacun la même question: "Quelle est votre perception des bruits du monde?"

           C'est l'auteur chinois Yan Lianke qui a pris la parole en premier. Il n’a pas connnaissance des langues étrangères et n’entend donc que les bruits de son cœur. Il est difficile pour lui de maîtriser son pays, car il est immense : la Chine est un monde en soi. “Lorsque j’entends les bruits de mon village j’entends les bruits du monde”.
David Grossman parle de la complexité politique de la situation de son pays. La langue est manipulée dans ce pays : la tâche de l'écrivain consiste donc à trouver les bons mots pour décrire la réalité. En écrivant, en s'engageant, il reste loyal et conscient de la situation dans ce monde cynique car "c'est facile d'être cynique dans un monde cynique.". Mais lui tente de rester naïf parce qu’il pense que sinon il va perdre la guerre. Il est convaincu du pouvoir des mots et essaie de faire comprendre le monde à ses lecteurs par la narration d'une bonne histoire.
            Puis, c'est au tour de Raymond Depardon et Claudine Nougaret de nous parler de leur film Journal de France, diffusé le soir même à 21h. Le film est monté comme un livre d'image, il s'inscrit donc lui aussi dans une démarche d'écrivain car il a lui aussi une pensée et a besoin de temps pour la développer.
            Juan Goytisolo a un esprit critique et lucide de l'Occident car il a beaucoup voyagé. Ses rapports sont compliqués avec son pays, l'Espagne: l'exil politique n'est pas vécu pour lui comme une punition mais comme une bénédiction. Cela lui permet de regarder son pays de façon périphérique et donc d'avoir un regard extérieur. Il reproche le nombrilisme des espagnols, d’être enfermés dans leur culture.
Pour Antoine Volodine, l'écrivain doit se retrouver dans une sphère personnelle. Les bruits du monde font échos aux catastrophes successives du vingtième siècle. C'est un auteur pessimiste car l’écrivain se retrouve au cœur de la terreur du monde et du fait que l'humanité va vers le pire. Ces livres se situent donc beaucoup dans l'avenir: "Je pense que nous avons entamé la fin.", termine-t-il dans son discours.
Péter Esterházy quant à lui, a vécu pendant quarante ans dans une dictature totalitaire. Cette dernière reflete donc, à l'inverse des bruits du monde, un silence terrible et froid: "Personne ne peut parler sauf le pouvoir." On ne peut parler de son expérience que dans sa langue personnelle, mais elle doit être comprise par tous. Il se pose alors la question: "Comment dans la littérature XXe siècle et dans sa langue personnelle, on peut faire passer un message compréhensible pour tout le monde?"


            Après que chaque auteur se soit exprimé une première fois, Gérard Meudal reprend la parole pour diriger une nouvelle interrogation. L'écrivain ne doit pas seulement témoigner de l'actualité de son pays mais aussi traiter des drames du passé. Ainsi, témoigner de ce passé relève-t-il de la responsabilité de l'écrivain?

           Le but de Yan Lianke est avant tout de décrire le passé de la Chine avec le maximum de précision. Son objectif est de faire connnaître la Chine, la Chine véritable. “La plus grande chance d'un écrivain c'est la succession de drames”. Mais c'est aussi pour cela que ses romans font polémique dans son pays.
           David Grossman essaie de ramener dans ses oeuvres les échos de l'histoire, notamment avec la langue hébraïque. La langue était endormie et ne concernait que les textes sacrés, puis elle est devenue vivante. De nouveaux rêves sont possibles avec cette langue."J'essais de trouver en moi les choses les plus outrageuses qui se passent en Israël."
           Juan Goytisolo nous dit : "Tout le monde est conditionné par l'histoire.". Il n'a jamais voulu écrire de romans historiques. Et il ne se dit pas comme un réprensentant de la culture espagnole.
           La langue de Péter Esterházy est une petite langue mais cela ne veut pas dire qu'il y a peu de lecteurs. Il reprend Juan Goytisolo qui désire se détacher du contexte national, il trouve cela beau car c'est impossible. Étant donné que pour lui la langue a toujours un contexte national important.
           Enfin, Antoine Volodine veut créer des espaces narratifs qui ne puissent pas être reconnus comme appartenant à telle ou telle réalité. En effet, il essaie de trouver une expression cosmopolite, qui ne se revendique jamais d'une appartenance nationale. "La langue de réference doit être une langue de traduction.". Il est le traducteur de langues diverses dans lesquelles s'expriment ses personnages. Il vit dans le post-exotisme : il n'appartient à aucun pays, il se réfère à l'humanité en général.


Tiphanie Astre, Elise Courtot, Margot Adam

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