dimanche 21 octobre 2012

Les cinq écrivains de la table ronde

Le 20 octobre 2012 à 17h30 s'est tenu dans l'amphithéâtre de la Verrière, une conférence réunissant les cinq invités principaux de cette fête du livre que sont les écrivains Yan Lianke, Peter Esterhazy, Antoine Volodine, Juan Goytisolo et David Grossman. Une conférence animé par Pierre Haski, journaliste pour Libération.

Yan Lianke a ouvert le débat en abordant le thème de la tragédie du sang vécue en Chine. Il fait bien remarquer qu'il n'est pas un écrivain "combattant" mais plutôt un "chiffonnier de la littérature". Il se considère comme un auteur abordant des sujets rejetés par les autres écrivains. Il est donc souvent critiqué dans son pays natal tout comme Mo Yan (prix Nobel de littérature 2012) qu'il considère comme un grand écrivain. Il se félicite que ce prix soit décerné à un chinois car il permet la reconnaissance de la littérature de son pays.

Le deuxième intervenant a été Péter EsterházyPour lui, tout devient politique sous une dictature, plus rien n'existe en dehors. "La langue de la dictature, c'est le silence". La littérature sous une dictature n'est donc plus importante en soi, elle n'est qu'un instrument du pouvoir en place. Esterházy évoque son pays, la Hongrie, qui a subi une dictature pendant quarante ans et qui porte encore les stigmates du silence. Dans cette continuité il affirme que "le roman nait du silence".

Grossman enchaîne en appuyant le fait qu'il est nécessaire pour un écrivain de nuancer les bruits du monde. Pour lui il faut absolument s'extraire de la masse médiatique qui représente "un lavage de cerveau" pour recueillir les points de vue les plus divers possibles, que ce soit de la part d'étranger, d'allié, d'ennemi...C'est la tâche de la littérature de récupérer l'individualité arrachée par les médias. C'est en tout cas la manière qu'il utilise pour rédiger ses ouvrages, notamment sur le conflit israélo-palestinien (ex : Le vent jaune). Grossman pense qu'être écrivain, c'est "chercher à être envahi par les autres pour les comprendre".

Juan Goytisolo rejoint le point de vue de Grossman sur la nécessité de nuancer ses propos et ses actes. Il prend comme exemple ses implications dans les conflits espagnols, cubains ou tchétchènes. Après son troisième voyage à Cuba en 1965 il s'est rendu compte qu'il devait être plus prudent dans ses engagements politiques. Il réfute le patriotisme et pense qu'il est nécessaire de se remettre constamment en cause. Goytisolo nous confie qu'il est qualifié de "gigolo international" par les censeurs.

Antoine Volodine capte les bruits du monde, les filtre, à travers internet puis par des voyages notamment en Chine. Pour lui les sources des bruits proviennent de la littérature. Car grâce à elle on peut apprendre, comprendre et s'approprier les différentes régions de la planète. Volodine estime que nous sommes tous des citoyens du monde et réfute le nationalisme (cette remarque a d'ailleurs suscité la réaction de Péter Esterházy qui estime qu'à partir du moment où l'on parle une langue nationale, on représente son pays).

Antoine Volodine évoque ses rêves en fin de débat ce qui soulève de la part de Pierre Haski une question de conclusion à savoir : quels sont les rêves et les objectifs des cinq auteurs? Pour Antoine Volodine il faut créer une société égalitaire où tous les Hommes auraient les mêmes chances dès la naissance. David Grossman souhaite simplement écrire de bons livres. Yan Lianke aimerait pouvoir se situer dans la littérature chinoise au milieu de la dizaine de milliers d'auteurs existants. Juan Goytisolo souhaite la diminution des écarts entre pays riches et pays pauvres, bien qu'il sache que c'est une utopie. Péter Esterházy aimerait réussir à écrire "une histoire simple de cent pages" ce qu'il n'a jamais fait jusqu'à maintenant.


Pierre Petitdemange, Anaëlle Van Rhijn, Amandine Torrigiani, Gwenaël Portes

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