Le 21 octobre à 10h, une rencontre
avec Yan Lianke a eu lieu. Le public a ainsi pu poser des questions à
l'auteur. Voici le résumé de cet échange :
Quels sont ses influences et les
auteurs qui l'ont inspiré dans son œuvre ?
À 20 ans, étant employé comme
bibliothécaire dans l'armée, il a pu lire des auteurs français tel
que Balzac, Hugo, Flaubert ou Stendhal qui lui ont fait prendre goût
à la littérature du XIXème siècle.
À 32 ans, alité à cause d'une grave
maladie, il se met à lire des auteurs du Xxème siècle comme Kafka,
Camus, Beckett ou Robbe-Grillet. Il estime que ces écrivains ont «au
fond d'eux même un sens de la maladie », une vision différente
de la vie qui leur permet d'avoir une autre perspective du monde qui
les entoure.
À 40 ans toutefois, il pense qu'il ne
pourra jamais les égaler, et ne peut plus dire qui il préfère. Il
se remet en question et reporte son intérêt sur le peuple chinois :
« Lire les hommes et lire leur cœur, voilà peut être la
meilleure lecture pour un écrivain. » Il commence aussi à
lire l'oeuvre d'Antoine Volodine, pour laquelle il se fascine.
Quel travail de documentation
effectue-t-il ? Rencontre-t-il des problèmes lors de ses
recherches ?
Yan Lianke ne fait jamais de recherche
documentaire. Il a toujours quatre ou cinq histoires qu'il a besoin
de raconter, et hésite constamment sur laquelle il va commencer.
Son problème n'est pas de savoir quoi écrire mais de savoir par
quelle histoire commencer et comment la raconter.
Il peut passer six mois sans écrire,
pas parce qu'il n'a pas d'inspiration mais parce qu'il ne sait pas
comment l'exprimer.
Quel rôle a joué l'armée dans sa
vie et dans son œuvre ?
Après avoir été refusé à la
prestigieuse université de Pékin, Yan Lianke a intégré l'armée
dans le but de quitter la campagne et de manger à sa faim. Ces
vingt-six années passées dans l'armée ont profondément changé sa
vie.
Pour pouvoir être publié dans
l'armée, il est obligé d'écrire des livres opposés à ses idées.
Il trouve la liberté d'écriture au travers le sujet de la vie
paysanne en Chine. C'est suite à la publication de Bons baisers
de Lénine qu'il se fait renvoyer de l'armée.
Pourquoi ces vingt-six années
ont-elles été importantes pour lui ?
Ces années ont été pour lui un
échappatoire à la famine et à la pauvreté de la campagne
chinoise. Son statut d'officier lui a à permis d'avoir une meilleure
situation et de rencontrer sa femme.
Pendant ces années il a été témoin
d’événements qui l'ont profondément marqués et qui sont
aujourd'hui autant d'inspiration pour ses œuvres.
Que pense son entourage de son
œuvre ?
Ayant des parents illétrés, ceux-ci
n'ont jamais pu le lire. Ces frères et sœurs ne le lisent pas car
ils préféreraient qu'il soit journaliste au « Quotidien du
Peuple » (plus grand journal de Chine) ou mandarin (cadre dans
la société chinoise).
Actuellement, chaque livre qu'il écrit
provoque l'embarras de son entourage : « Personne ne
trouve ça bien dans mon pays. »
À cause de la polémique que crée
son œuvre, n'a-t-il jamais eu envie de quitter la Chine ?
« Non, jamais. »
Il trouve qu'il y a une trop grande
différence de culture en l'Orient et l'Occident. Il pense que s'il
s'installait en Occident il pourrait perdre son style d'écriture.
De plus aujourd'hui il a une vie tout à
fait convenable dans son pays : les écrivains chinois jouissant
de beaucoup plus de liberté en Chine qu'il y a trente ans.
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