lundi 22 octobre 2012

Masterclass avec Yan Lianke


Le 21 octobre à 10h, une rencontre avec Yan Lianke a eu lieu. Le public a ainsi pu poser des questions à l'auteur. Voici le résumé de cet échange :

Quels sont ses influences et les auteurs qui l'ont inspiré dans son œuvre ?

À 20 ans, étant employé comme bibliothécaire dans l'armée, il a pu lire des auteurs français tel que Balzac, Hugo, Flaubert ou Stendhal qui lui ont fait prendre goût à la littérature du XIXème siècle.

À 32 ans, alité à cause d'une grave maladie, il se met à lire des auteurs du Xxème siècle comme Kafka, Camus, Beckett ou Robbe-Grillet. Il estime que ces écrivains ont «au fond d'eux même un sens de la maladie », une vision différente de la vie qui leur permet d'avoir une autre perspective du monde qui les entoure.

À 40 ans toutefois, il pense qu'il ne pourra jamais les égaler, et ne peut plus dire qui il préfère. Il se remet en question et reporte son intérêt sur le peuple chinois : « Lire les hommes et lire leur cœur, voilà peut être la meilleure lecture pour un écrivain. » Il commence aussi à lire l'oeuvre d'Antoine Volodine, pour laquelle il se fascine.

Quel travail de documentation effectue-t-il ? Rencontre-t-il des problèmes lors de ses recherches ?

Yan Lianke ne fait jamais de recherche documentaire. Il a toujours quatre ou cinq histoires qu'il a besoin de raconter, et hésite constamment sur laquelle il va commencer. Son problème n'est pas de savoir quoi écrire mais de savoir par quelle histoire commencer et comment la raconter.
Il peut passer six mois sans écrire, pas parce qu'il n'a pas d'inspiration mais parce qu'il ne sait pas comment l'exprimer.

Quel rôle a joué l'armée dans sa vie et dans son œuvre ?

Après avoir été refusé à la prestigieuse université de Pékin, Yan Lianke a intégré l'armée dans le but de quitter la campagne et de manger à sa faim. Ces vingt-six années passées dans l'armée ont profondément changé sa vie.
Pour pouvoir être publié dans l'armée, il est obligé d'écrire des livres opposés à ses idées. Il trouve la liberté d'écriture au travers le sujet de la vie paysanne en Chine. C'est suite à la publication de Bons baisers de Lénine qu'il se fait renvoyer de l'armée.

Pourquoi ces vingt-six années ont-elles été importantes pour lui ?

Ces années ont été pour lui un échappatoire à la famine et à la pauvreté de la campagne chinoise. Son statut d'officier lui a à permis d'avoir une meilleure situation et de rencontrer sa femme.
Pendant ces années il a été témoin d’événements qui l'ont profondément marqués et qui sont aujourd'hui autant d'inspiration pour ses œuvres.

Que pense son entourage de son œuvre ?

Ayant des parents illétrés, ceux-ci n'ont jamais pu le lire. Ces frères et sœurs ne le lisent pas car ils préféreraient qu'il soit journaliste au « Quotidien du Peuple » (plus grand journal de Chine) ou mandarin (cadre dans la société chinoise).
Actuellement, chaque livre qu'il écrit provoque l'embarras de son entourage : « Personne ne trouve ça bien dans mon pays. »

À cause de la polémique que crée son œuvre, n'a-t-il jamais eu envie de quitter la Chine ?

« Non, jamais. »
Il trouve qu'il y a une trop grande différence de culture en l'Orient et l'Occident. Il pense que s'il s'installait en Occident il pourrait perdre son style d'écriture.
De plus aujourd'hui il a une vie tout à fait convenable dans son pays : les écrivains chinois jouissant de beaucoup plus de liberté en Chine qu'il y a trente ans.

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