samedi 20 octobre 2012

Lectures d'oeuvres de Yan Lianke et Antoine Volodine

     La première lecture de l'après-midi a eu lieu à l'amphithéâtre de la Verrière. Pit Goedert a assuré la lecture d'un court extrait du dernier roman Les Quatres Livres de Yan Lianke.

     Yan Lianke est un écrivain chinois né en 1958 dans la province du Henan. Son engagement dans l'armée lui a permis à la fois de payer ses études et de faire ses débuts en tant qu'écrivain. Il est très engagé politiquement au sein de son pays, et subit constamment la censure. Les Quatres Livres aborde la période du Grand Bond en avant (renforcement de la productivité à son maximum afin de "rattraper l'Angleterre et surpasser les Etats-Unis"), pendant les années 90, en nous racontant les horreurs quotidiennes vécues par la population.

     Ce roman est un témoignage de M.Yan sur cette époque sinistre où plus de 30 millions de chinois sont morts de faim. Dans l'extrait qui nous a été lu, le personnage cultive son champ de blé grâce à son propre sang arrivant ainsi à obtenir une moisson importante. Mais soudain une tempête ravage sa récolte. Il se retrouve alors démuni, affaibli "comme un enfant sanglotant, abandonné au milieu de la nature". Pit Goedert a su, par sa lecture, faire ressentir toute la puissance et l'émotion du texte. Récit qui reste ancré en nous, nous laissant ce goût presque vécu, presque tragique, qui nous hante tout au long de la rencontre.

     On retrouve dans cet extrait, tout l'aspect sensible, humble, respectueux, reconnaissant, et courageux de l'auteur. Lianke a transcendé l'assistance par la force de ses mots, la laissant subjuguée. C'est avec une grande modestie qu'il s'incline devant le public qui ne cesse de l'acclamer.


     Antoine Volodine est un écrivain français mystérieux aux multiples noms de plumes et à la personnalité complexe. Auteur de nombreux ouvrages, il a remporté le Prix du Livre Inter pour Des anges mineurs.

     Il prête aujourd'hui sa voix à Écrivains, son dernier livre, donnant ainsi un aspect à la fois plus doux et violent à son œuvre.

     Sa lecture, sa voix nous emporte dans un univers oppressant, pesant, de souffrance mentale. Les mots sont martelés, répétés, "frappés". Alternés par des moments d'accalmie.
L'auteur nous enferme dans les ténèbres, les souvenirs de prisonniers réduits à l'état animal, recherchant encore et encore l'autre, l'image, les mots, frappant "à l'intérieur de la cellule".
Prisonniers portant le nom de ses pseudonymes, dont il met en scène la séquestration dans un "espace noir".

     A ces derniers mots, sa voix suspendue dans l'amphithéâtre, laisse son auditoire figé et silencieux. Enfin, le public ému, l'acclame chaleureusement.

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